Organisation et cerveau : un duo indissociable
Savoir s’organiser est souvent perçu comme un talent inné : certains semblent naturellement méthodiques et efficaces, tandis que d’autres jonglent avec des to-do lists éparpillées et une charge mentale écrasante.
Mais l’organisation ne dépend pas uniquement de la volonté : elle repose aussi sur les mécanismes cognitifs de notre cerveau. Comprendre ces mécanismes permet d’adopter des stratégies adaptées à notre fonctionnement naturel, plutôt que de forcer un modèle inadapté.
Pourquoi sommes-nous parfois désorganisés ?
La limite de la mémoire de travail
Notre cerveau ne peut gérer qu’un nombre limité d’informations simultanément. La mémoire de travail, responsable du stockage temporaire des tâches en cours, est limitée à 7 à 9 éléments en moyenne.
Conséquence : plus nous essayons de gérer plusieurs tâches en même temps, plus nous risquons d’oublier, de procrastiner ou de nous sentir dépassés.
La charge mentale : un poids invisible
L’effet Zeigarnik, mis en évidence par des études en psychologie cognitive, montre que le cerveau retient plus facilement les tâches inachevées que celles terminées.
Conséquence : une liste de tâches incomplètes sature notre mémoire de travail, entraînant stress et perte d’efficacité.
Multitasking : un ennemi caché
Le multitâche est souvent valorisé, mais les neurosciences prouvent qu’il nuit à notre concentration.
Passer d’une tâche à l’autre augmente le temps d’exécution global de 40 %.
Chaque interruption impose un “coût cognitif” : il faut en moyenne 23 minutes pour retrouver une concentration optimale après une distraction.
Conséquence : en essayant de tout gérer en même temps, on finit par ne rien accomplir efficacement.
Comment mieux organiser son temps grâce aux neurosciences ?
1. Utiliser la règle des 2 minutes
Une tâche qui prend moins de 2 minutes ? faites-la immédiatement.
Pourquoi ça marche ? cela évite d’encombrer la mémoire de travail et réduit la charge mentale.
2. Le time blocking : segmenter son temps
Le cerveau est plus efficace lorsqu’il se focalise sur une tâche précise.
Bloquez des créneaux dédiés à une seule activité (exemple : 1 h pour répondre aux e-mails, 2 h pour rédiger un rapport).
Respectez ces plages sans distraction.
Pourquoi ça marche ? cela limite les interruptions et favorise le travail en profondeur.
3. Adopter la méthode pomodoro
La méthode pomodoro consiste à travailler par cycles de 25 minutes, suivis de 5 minutes de pause.
Pourquoi ça marche ? le cerveau anticipe la pause et optimise l’attention pendant les périodes de concentration.
Prioriser avec la matrice d’eisenhower
Toutes les tâches n’ont pas la même importance. La matrice d’Eisenhower aide à classer les tâches selon leur urgence et leur importance :
Urgent / important | Action |
---|---|
✔️ Urgent & important | À faire immédiatement |
❌ Urgent & pas important | À déléguer |
✔️ Important & pas urgent | À planifier |
❌ Ni urgent ni important | À éliminer |
Pourquoi ça marche ? cela évite de se laisser happer par l’urgence et permet de se concentrer sur ce qui a vraiment de la valeur.
Déconnexion et organisation : un duo indispensable
Le rôle des pauses cognitives
Notre cerveau n’est pas conçu pour travailler en continu. Les pauses sont essentielles pour :
Régénérer l’attention et éviter la fatigue cognitive.
Stimuler la créativité en laissant l’esprit vagabonder.
Améliorer la prise de décision en réduisant l’accumulation de stress.
L’astuce neuroscientifique : une pause de 5 minutes toutes les heures suffit à préserver les ressources cognitives.
Les dangers du numérique sur la concentration
Les notifications, e-mails et messageries instantanées sont autant de distractions permanentes.
Les études montrent que la plupart des salariés ouvrent un e-mail en moins de 6 secondes après réception.
Travailler avec sa boîte mail ouverte réduit de 10 % les performances cognitives.
Solution : fermer sa boîte mail et consulter ses messages à des moments définis dans la journée.
Organisation et télétravail : un défi cognitif
Avec le télétravail, les frontières entre vie pro et vie perso sont plus floues, ce qui fragilise l’organisation.
Les risques cognitifs du télétravail
Les cadres en télétravail sont 2 fois plus nombreux à travailler après 20h.
50 % des salariés peinent à se déconnecter en fin de journée.
Pourquoi ?
Le cerveau associe chaque lieu à une fonction. Travailler dans son salon brouille les signaux cognitifs entre espace de travail et espace personnel.
Comment structurer son organisation en télétravail ?
Définir un espace de travail dédié pour séparer travail et détente.
Établir des rituels de transition (ex : marcher 5 minutes après le travail pour signaler la fin de la journée).
Respecter des horaires fixes pour éviter la surcharge cognitive.
Pourquoi ça marche ? ces rituels permettent au cerveau de faire une coupure nette entre travail et vie personnelle.
Conclusion : trouver son propre rythme cognitif
Il n’existe pas une seule bonne méthode d’organisation. L’important est de connaître son propre fonctionnement cérébral et d’adopter des stratégies adaptées.
- Adaptez votre organisation à votre biorythme : travaillez sur des tâches complexes aux moments où votre cerveau est le plus alerte.
- Évitez le multitasking et privilégiez le travail en profondeur.
- Mettez en place des rituels cognitifs : segmentation du temps, pauses stratégiques, limitation des interruptions numériques.
- Déculpabilisez-vous : l’efficacité passe aussi par le lâcher-prise et la capacité à récupérer.
En appliquant ces principes, vous pourrez réduire votre charge mentale, améliorer votre concentration et gagner en sérénité.