Pénibilité cognitive au travail : une reconnaissance nécessaire

#Améliorer la QVT et prévenir les risques psychosociaux

Alors qu’il a été question, lors des débats autour de la réforme des retraites 2023, de pénibilité physique au travail, la pénibilité cognitive tarde à être considérée. Avec les changements d’environnement de travail, notre cerveau – à l’instar de notre corps, a pourtant besoin d’être protégé.
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Publié le 13 avril 2023

Illustration de la pénibilité cognitive et de son impact au travail

Promulguée le 15 avril 2023, la réforme des retraites a posé de nombreuses questions sociétales, notamment autour de l’âge légal unique de départ en retraite et d’une meilleure prise en compte de la pénibilité physique au travail.  

Mais alors que notre économie s’oriente vers des métiers d’informations et de connaissances – et sans aucunement nier la pénibilité physique – quelle considération pour la pénibilité cognitive dans notre quotidien ?

Les métiers de la connaissance ont aussi leur pénibilité

Travail de nuit, métiers impliquant des tâches répétitives ou s’exerçant dans des températures extrêmes, travail en équipes successives alternantes… Grâce au dialogue social, le coût physique du travail est en partie reconnu. La réforme prévoit notamment la création d’un « fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle » qui financerait des campagnes de prévention pour les métiers s’exerçant dans des conditions difficiles. Et un départ en retraite anticipé est possible quand le corps est fatigué. Mais quid de notre santé mentale et des impacts de nos métiers sur notre cerveau dans une économie de la connaissance ? Dans un monde où les environnements de travail changent, ne faudrait-il pas prendre en compte la fatigue cognitive – au même titre que la fatigue physique ?

Ce qu’en dit la recherche en sciences cognitives

Selon des travaux de recherche en sciences cognitives, les environnements professionnels assurant une meilleure stimulation cognitive, au travers d’une activité mentale plus importante, joueraient un rôle protecteur sur nos ressources cognitives. Les postes incluant des stimulations sociales et intellectuelles, souvent dénués de pénibilité physique, viendraient réduire le déclin cognitif et auraient une pénibilité cognitive faible. Mais avec l’ubérisation et le télétravail, le risque d’étiolement du capital social augmente.

Il y aurait donc un écart de pénibilité d’autant plus fort entre des postes difficiles physiquement et n’offrant que peu d’interactions et de stimulation intellectuelle, et les postes plus stimulants qui nourrissent l’économie de la connaissance.

Autre composante à prendre en compte : le niveau de stress causé par l’activité professionnelle. Les environnements causant un stress chronique chez les collaborateur·rice·s, généré par exemple par une pression excessive liée à la performance, peuvent accélérer la neurodégénérescence et faciliter le déclin cognitif.

Tou·te·s concerné·e·s par la protection de notre cerveau

Si la notion de pénibilité cognitive n’a pas été prise en compte dans la réforme  des retraites menée en 2023, elle est pourtant au cœur de nos quotidiens. Diminution du bien-être, santé mentale altérée engendrant une hausse des dépenses de la Sécurité sociale, diminution des performances cognitives entraînant une chute de l’efficacité au travail… S’exposer à des environnements de travail inadaptés à notre corps mais également à notre cerveau a des coûts, nombreux. Il est de notre rôle à tou·te·s de créer des environnements de travail qui protègent notre cerveau de l’effet du temps, plutôt que des environnements qui l’accélèrent.

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