Travail hybride : pourquoi il faut sauver le lien social

#L'adaptation au changement

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Si nous interagissons grâce aux nouvelles organisations, nos relations ont perdu en qualité. Cette perte, si on n’y prête pas attention, pourrait avoir un impact négatif sur le bien-être des individus et le fonctionnement du collectif.
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Publié le 11 mai 2023

Télétravail

À quand remonte votre dernier moment de réelle intelligence collective ? Quand avez-vous eu votre dernière discussion personnelle avec l’un·e de vos collègues ? Votre dernier fou rire a-t-il eu lieu au travail, là où vous passez certainement la majeure partie de votre temps à interagir ?

Toute la journée, nous collaborons. Nous interagissons par e-mails, tchat ou encore en visioconférence. Mais quand prenons-nous le temps d’être véritablement ensemble ? Cette baisse de satisfaction que nous éprouvons pour nos liens sociaux au travail n’est pas sans conséquence pour notre santé mentale comme pour notre efficacité individuelle et collective.

Comment le lien social devient la variable d’ajustement de nos journées de travail

Télétravail, espaces de travail flexibles ou encore la semaine de quatre jours … Les récentes évolutions dans l’organisation du travail ont un point commun : elles présentent toutes un risque pour notre capital social – soit, les ressources sociales dont on dispose pour se soutenir mutuellement, s’entraider, ou agir ensemble. Ainsi, à l’ère du tout collaboratif, une compétition aussi discrète que profonde s’intensifie entre le traitement de nos tâches quotidiennes et le développement, voire le maintien, de notre capital social au travail : une compétition cependant loin d’être équitable !

La nécessité d’une synchronie de cerveau à cerveau

Son iniquité provient tout d’abord du fait que la collaboration à distance n’est pas naturelle pour cet organe social qu’est notre cerveau. Lorsqu’on reçoit une information écrite, on ne dispose pas de toutes les informations non verbales dont on a besoin pour faire sens de la situation. Le risque est alors de mal interpréter l’intention de notre interlocuteur.

D’apparence moins néfaste, la visioconférence pourrait nous laisser croire à la préservation de la qualité de nos interactions sociales puisqu’elle donne à voir nos réactions non verbales. Pourtant, pour exemple, une récente étude internationale [1] montre une diminution de la synchronie cérébrale qui survient naturellement entre le cerveau d’une mère et celui de son enfant lorsque cette interaction se fait en visioconférence. Or cette synchronie de cerveau à cerveau est supposée tenir un rôle fondamental dans la qualité de nos interactions sociales.

L’importance du capital social

L’intensification du travail et de l’explosion des informations quotidiennes à traiter fait également reculer l’espace que nous allouons aux relations sociales. Quand les journées de travail s’allongent ou qu’elles sont de plus en plus denses, les temps informels constituent l’une des premières variables d’ajustement sur lesquelles rogner pour tenter de contenir la place de la vie professionnelle. En télétravail ou au bureau, les collaborateur·rice·s seront tenté·e·s de privilégier les tâches qui leur sont allouées au détriment des interactions sociales pourtant fondamentales.

Cette compétition inéquitable n’est pas sans répercussion sur le bien-être des individus comme sur la performance collective. Le capital social joue en effet un rôle majeur…

  • dans le développement du sentiment d’appartenance à l’entreprise et à l’équipe – un élément qualifié de « boost d’engagement » par 93 % des collaborateur·rice·s, selon une étude Deloitte;
  • en tant que pilier de l’intelligence collective en ce qu’il permet de développer un climat de sécurité psychologique au sein duquel chacun·e peut exprimer ses opinions et réagir à celles d’autrui de manière constructive.

À l’heure où les directions se donnent comme priorité de retenir leurs talents et d’innover dans un contexte ultra-concurrentiel, il serait temps de considérer le capital social pour ce qu’il est : une ressource essentielle pour l’entreprise.

Références

[1] Schwartz et al., 2023.

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